Mais où est donc passé le docteur House ?

Publié le par hopital.over-blog.com

Difficile d'imaginer le fonctionnement d'un hopital tant que l'on n'y a pas mis les pieds en tant que patient. J'y ai mis les deux (et le reste) pendant plusieurs semaines. Et le résultat n'est pas triste. Surprenant. Etonnant. Inquiétant parfois. Quelque fois drôle et incongru. J'ai donc décidé de vous emmener dans les coulisses d'un centre hospitalier en plusieurs épisodes. Voici le premier : mais où sont donc passés les médecins titulaires, professeurs et autres sommités ?

 

"Est-ce que vous avez mal là ? Euh, non... Et là ? Ben non plus... Vous pesez combien ? 198 kilos ! " Là, l'interne s'arrête, stylo levé et immobile, puis me dévisage. Il lui faudra quelque 3 secondes montre en main pour comprendre que la réponse n'en n'était pas une. Pour rompre le lourd silence qui s'est installé et permettre au stylo de reprendre son questionnaire, je rectifie : "72 kg... en principe"

Le nez de l'interne replonge sur sa feuille, le stylo reprend ses aller-retour et les questions s'enchaînent à nouveau.

 

Entrée en matière

 

Pour parvenir jusqu'à cet interne, futur médecin généraliste effectuant son stage dans un service spécialisé en oncologie thoracique, il aura fallu passer par la case "accueil administratif". Là, elles sont une dizaine de secrétaires disposées dans un alignement tout aussi administratif que le travail qu'elles réalisent. "Bonjour Madame, je viens pour une hospitalisation". Regard légèrement agacée de la préposée aux entrées, coup d'oeil sur la pendule et... "Désolé, mais on ferme dans 5 minutes !". Euh, ben oui, mais alors elle fait quoi la dame pendant les 5 dernières minutes ? Et avant que je puisse lui dire qu'elle n'a guère que mon nom à enregistrer dans l'ordinateur encore allumé, elle ajoute : "allez au 3080"...

 

Moi j'suis prêt à aller partout. Mais c'est quoi le "3080" ? Un jeu de dès, le numéro d'une porte, un étage, un couloir. Un centre hospitalier, c'est grand. Très grand. Et puis il s'est déjà passé 2 minutes depuis mon arrivée. Alors la dame s'est levée, a ouvert son sac pour trouver ses clès, a bizouté sa collègue partie en pôle position et ne fait pas mine de vouloir me diriger vers le fameux 3080.

 

Le chemin des protocoles

 

L'interne, lui, a terminé son questionnaire. Le protocole est suivi à la lettre. A l'hôpital, tout fonctionne sur la base de protocoles. Pas un examen, pas une oscultation qui ne soient organisés par ces fameux protocoles. Le patient (c'est à dire celui qui attend sans sourciller) passe dans le tamis des pro-to-coles, quand bien même certains examens ou soins ne seraient pas nécessaires.

Gare à celui qui voudrait échapper à ce phasage de la médecine. Il doit se plier à la rigueur d'un parcours figé et stéréotypé. Au premier abord, cela rassure. Et je me dis benoîtement que c'est mieux pour moi, que cela évitera un erreur toujours possible. Que nenni. Les protocoles ont d'évidence été établis pour éviter que les médecins (internes ou non) ne soient mis en cause en cas de problèmes. "Nous avons suivi le protocole" doit être la phrase la plus entendue par celles et ceux qui auront perdu un proche lors d'un séjour hsopitalier. De même que cet avatar d'explication a dû être servi des milliers de fois devant des tribunaux pour exclure la responsabilité de tel ou tel autre.

Donc, parce que c'est dans le protocole, je dois subir une rafale d'examens. Mais je suis rassuré. Le professeur que j'ai choisi pour me suivre bénéficie d'une compétence unanimement reconnue. Je serai donc entre de bonnes mains gantées. Enfin, c'est ce que mon inexpérience de l'hôpital me laissait croire...

(à suivre) 

Publié dans santé

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